Introduction foi et raison1Quây a-t-il aprĂšs la vie ? Cette question exprime implicitement que la vie a une fin nous parlons alors de la mort. La question peut donc aussi ĂȘtre formulĂ©e en ces termes quây a-t-il aprĂšs la mort ? Au niveau scientifique, la rĂ©ponse est simple il nây a rien, sinon des traces de ce qui fut vivant. En ce qui concerne lâĂȘtre humain, la question de la mort est plus dĂ©licate Ă aborder. En effet, il y a de lâimmatĂ©riel en lâhomme selon les sensibilitĂ©s, on parlera alors dâĂąme ou dâesprit. Ce qui est de lâordre de la pensĂ©e ou de la spiritualitĂ© nâest-il que le rĂ©sultat du fonctionnement de notre chair, ou bien sâagit-il dâun lieu dâaccĂšs Ă un monde qui serait dâun autre ordre ? La science ne peut rĂ©pondre le discours, tout en restant argumentĂ©, doit alors faire intervenir ce qui est du domaine de la foi. 2Pour les chrĂ©tiens, la mort nâa pas le dernier mot. Au centre de la foi chrĂ©tienne rĂ©side lâaffirmation de la rĂ©surrection de JĂ©sus, le Christ il a vaincu la mort. Saint Paul affirme clairement que, si le Christ nâest pas ressuscitĂ©, notre foi est vaine ; nous sommes les plus Ă plaindre de tous les hommes. 1 Co 15. La mort Ă©tant vaincue, câest la vie qui continue on ne peut donc pas parler dâ aprĂšs-vie », sinon dâ aprĂšs-vie » terrestre. 3Puisque la rĂ©surrection est le pivot autour duquel tout gravite pour essayer dâenvisager quelque discours sur lâau-delĂ , cet exposĂ© lâabordera en premier. Quelques passages bibliques viendront ensuite mettre en contexte ce pivot central. Enfin seront abordĂ©es quelques conclusions logiques, issues de la rĂ©flexion et de la priĂšre des croyants ce seront quelques aspects du dogme rĂ©surrectionLes tĂ©moins initiaux4JĂ©sus est mort et a Ă©tĂ© enseveli une veille de sabbat. Les premiĂšres visites Ă sa tombe ne peuvent donc avoir lieu que le troisiĂšme jour le surlendemain de sa mort. Ce sont une ou des femmes qui arrivent les premiĂšres au tombeau. Dans la sociĂ©tĂ© de lâĂ©poque, le tĂ©moignage dâune femme ne valait pas grand-chose. Dans les procĂšs, il fallait le tĂ©moignage dâau moins deux femmes pour contrebalancer celui dâun homme. Les premiers tĂ©moins sont donc des personnes peu crĂ©dibles selon les critĂšres du moment. Cela Ă©taye la vĂ©racitĂ© de lâĂ©pisode pour deux raisons. 5Dâune part la prĂ©sence initiale de femmes est relatĂ©e dans les quatre Ă©vangiles. LâĂ©vĂ©nement est incontournable pour quâil y ait cette unanimitĂ© alors que les sources qui rĂ©coltent ces tĂ©moignages sont diverses. Dâautre part, si le rĂ©cit Ă©tait une construction littĂ©raire pour asseoir la soliditĂ© du tĂ©moignage, les auteurs auraient certainement choisi des hommes. 6Que voient ces premiers visiteurs du tombeau de JĂ©sus ? La rĂ©ponse est double. Sur le plan visuel et objectivement observable, ces femmes ou cette femme voient que la pierre qui fermait lâentrĂ©e du tombeau a Ă©tĂ© roulĂ©e. Elles voient Ă©galement un tombeau vide. Sur le plan spirituel, elles font une rencontre qui les bouleverse en profondeur. Les textes parlent dâun homme, de deux hommes, dâangesâŠCâest lĂ que lâon passe au domaine de la foi, que les mots ne peuvent jamais parfaitement dĂ©crire. Seuls ceux qui avaient la foi ont vu le ressuscitĂ©. Cette foi est nĂ©cessaire pour approcher le ressuscitĂ©, et donc une certaine vision de lâaprĂšs-vie ! 7Les textes disent mĂȘme que leur tĂ©moignage nâest pas cru. Ces paroles semblĂšrent un dĂ©lire et ils ne croyaient pas ces femmes Lc 24, 11 On met leur parole en doute. La peur est mĂȘme prĂ©sente elles nâosent pas parler. Elles ne dirent rien Ă personne car elles avaient peur Mc 16, 8. Rien ne va de soi. Lâannonce premiĂšre de la rĂ©surrection est de lâordre de la stupeur tombeau vide8La constatation est unanime le tombeau est vide le matin du troisiĂšme jour aprĂšs la mort de JĂ©sus. LâĂ©vangile de Jean 20,7 va mĂȘme jusquâĂ donner des dĂ©tails prĂ©cis Pierre voit les bandelettes posĂ©es lĂ et le linge qui avait recouvert la tĂȘte ; celui-ci nâavait pas Ă©tĂ© dĂ©posĂ© avec les bandelettes, mais il Ă©tait roulĂ© Ă part, dans un autre endroit. Pour lâapĂŽtre Jean, câest un signe qui lui donne la foi il vit et il crut. 9Une explication rationnelle est envisagĂ©e les disciples sont venus prendre le corps de JĂ©sus. LâĂ©vangĂ©liste Matthieu prĂ©cise que la pierre tombale fut scellĂ©e et quâun garde fut postĂ© Mt 27, 62-66. Et il prĂ©cise un peu plus loin 28, 13 + Vous direz ceci ses disciples sont venus de nuit et lâont dĂ©robĂ© pendant que nous dormions. ⊠Ce rĂ©cit sâest propagĂ© chez les Juifs jusquâĂ ce jour. 10Quoi quâil en soit, le fait que le tombeau soit vide reste Ă©nigmatique. Ajoutons aux rĂ©cits cet aspect le lieu de sĂ©pulture est Ă©loignĂ© de moins de cent mĂštres du lieu de lâexĂ©cution, lieu surveillĂ© et protĂ©gĂ© par les Romains. Les archĂ©ologues sâaccordent gĂ©nĂ©ralement sur ce point. Le mystĂšre apparitions11Câest Ă partir de lĂ que le domaine devient subjectif une apparition est une vision que seul le visionnaire perçoit ! Il peut aussi y avoir plusieurs visionnaires simultanĂ©s. Ce nâest pas parce que lâon entre dans le domaine de la subjectivitĂ© quâun discours cohĂ©rent nâest pas possible. Cependant, il faut prendre conscience que la narration de lâexpĂ©rience personnelle sera caduque dâune maniĂšre ou dâune autre. En effet, elle en rend compte avec un langage qui se rĂ©fĂšre Ă lâexpĂ©rience commune dâun phĂ©nomĂšne qui pourrait se rĂ©fĂ©rer aujourdâhui Ă une autre dimension comme on peut parler de la cinquiĂšme dimension. 12Les diffĂ©rents rĂ©cits auront en commun la difficultĂ© de reconnaĂźtre objectivement JĂ©sus ressuscitĂ©, doublĂ©e dâune certitude intĂ©rieure, donc subjective, pour les croyants. Les expressions ne donnent pas dans le magique ni dans lâextraordinaire, mais tentent de rendre compte de ce qui ne semble mĂȘme pas parfaitement logique Ă lâauteur. Câest ainsi que lâon a ce genre dâexpressions il se manifesta Mc 16, 12 comme ils parlaient, JĂ©sus fut prĂ©sent au milieu dâeux Lc 24, 36, il se tint au milieu dâeux Jn 20, 19 et 26. Expressions au rĂ©flexif, qui ne disent rien du comment. Elles manifestent une forme de mise en prĂ©sence difficile Ă dĂ©crire. 13On distingue deux grands lieux pour ces apparitions JĂ©rusalem et la GalilĂ©e. A JĂ©rusalem, la comprĂ©hension que lâon a du ressuscitĂ© se situe en vis-Ă -vis du temple, qui symbolise la religion vĂ©cue Ă partir de prĂ©ceptes. En GalilĂ©e, dite GalilĂ©e des nations, il sâagira davantage de la rencontre du ressuscitĂ© dans le contexte dâune rencontre spirituelle intĂ©rieure et passer au chapitre suivant14De cette approche de la rĂ©surrection, centre de la foi chrĂ©tienne, on peut retenir les points suivants pour dire quelque chose sur lâau-delĂ . 15La vision du ressuscitĂ©, câest-Ă -dire de celui qui a franchi la mort, ne va pas de soi. Elle est conditionnĂ©e Ă la foi, qui permet de percevoir la dimension spirituelle de lâhomme. Ensuite, les mots qui expriment la rencontre avec celui qui vit de ce que les chrĂ©tiens appellent la vie nouvelle, ne sont que des approximations, tant la richesse de lâĂ©vĂ©nement dĂ©passe nos limites de perception. 16Forts de cette expĂ©rience unique, celle de la rencontre avec le ressuscitĂ©, les Ă©vangĂ©listes ont, une quarantaine dâannĂ©es plus tard, mis par Ă©crit la vie de JĂ©sus. Les textes quâils ont produits ayant Ă©tĂ© Ă©crits aprĂšs la rĂ©surrection, les paroles et les actes de JĂ©sus sont donc relatĂ©s avec, dâune certaine façon, le rĂ©tro-Ă©clairage de la Ă©vangĂ©liques et paulinien17Pour essayer de percevoir quelque chose de ce qui se passe aprĂšs la mort terrestre, voici quatre passages tirĂ©s des Ă©vangiles. Ils utilisent la forme parabolique ; les deux premiers sous forme de rĂ©cit, les deux suivants sous forme de discours Ă©ventuellement dialoguĂ©. Ce genre littĂ©raire exprime des extrĂȘmes ou des absolus. Dâun cĂŽtĂ©, ce quâil faut Ă©viter. De lâautre, ce vers quoi il faut parabole du jugement18Evangile de Matthieu, 25, 31âŠ. 19 Quand le Fils de lâhomme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siĂ©gera sur son trĂŽne de gloire. Toutes les nations seront rassemblĂ©es devant lui ; il sĂ©parera les hommes les uns des autres, comme le berger sĂ©pare les brebis des boucs il placera les brebis Ă sa droite, et les boucs Ă gauche. Alors le Roi dira Ă ceux qui seront Ă sa droite Venez, les bĂ©nis de mon PĂšre, recevez en hĂ©ritage le Royaume prĂ©parĂ© pour vous depuis la fondation du monde. Car jâavais faim, et vous mâavez donnĂ© Ă manger ; jâavais soif, et vous mâavez donnĂ© Ă boire ; jâĂ©tais un Ă©tranger, et vous mâavez accueilli ; jâĂ©tais nu, et vous mâavez habillĂ© ; jâĂ©tais malade, et vous mâavez visitĂ© ; jâĂ©tais en prison, et vous ĂȘtes venus jusquâĂ moi ! » Alors les justes lui rĂ©pondront Seigneur, quand est-ce que nous tâavons vu⊠? Tu avais donc faim, et nous tâavons nourri ? Tu avais soif, et nous tâavons donnĂ© Ă boire ? tu Ă©tais un Ă©tranger, et nous tâavons accueilli ? Tu Ă©tais nu, et nous tâavons habillĂ© ? Tu Ă©tais malade ou en prison⊠Quand sommes-nous venus jusquâĂ toi ? » Et le Roi leur rĂ©pondra Amen, je vous le dis chaque fois que vous lâavez fait Ă lâun de ces plus petits de mes frĂšres, câest Ă moi que vous lâavez fait. » Alors il dira Ă ceux qui seront Ă sa gauche Allez-vous-en loin de moi ⊠chaque fois que vous ne lâavez pas fait Ă lâun de ces plus petits, câest Ă moi que vous ne lâavez pas fait. » Et ils sâen iront, ceux-ci au chĂątiment Ă©ternel, et les justes, Ă la vie Ă©ternelle. » 20DerriĂšre le genre parabolique de ce passage, quels Ă©lĂ©ments retenir pour avoir une vision de ce qui se passe dans lâau-delĂ ? Jâen retiendrai deux une correspondance et la justice. 21Il existe une correspondance entre lâau-delĂ et lâici-bas. Les actes vĂ©cus dans lâunivers terrestre ont une sorte de simultanĂ©itĂ© dans lâunivers cĂ©leste. A un acte posĂ© sur terre correspond le mĂȘme acte aux cieux. Lâauteur de lâacte ou de son omission est le mĂȘme dans les deux univers, mais celui qui subit lâacte ou son omission est nâimporte quel ĂȘtre humain sur terre alors quâil sâagit de Dieu lui-mĂȘme dans lâau-delĂ . De plus, la correspondance nâest pas une Ă©galitĂ©. Il existe une proportionnalitĂ©, une gradation plus il y a dâinjustice sur terre, plus le monde cĂ©leste en est atteint. Lâau-delĂ est ici dĂ©fini comme ayant une prĂ©fĂ©rence pour les plus dĂ©munis dâune part et pour ceux qui auront pris soin dâeux dâautre part. 22Il est donc question de justice. La vie de lâau-delĂ dâune certaine maniĂšre rĂ©pare les injustices et les situations de souffrance dâici-bas dâune part et dâautre part rĂ©compense tout ce quâil y a de positif dans les actions humaines, mais qui nâest pas obligatoirement visible. Le passage de ce monde Ă lâautre passe donc par un jugement graduĂ©. LâaprĂšs-vie terrestre selon lâEvangile est le temps ou le lieu de la rĂ©ponse Ă lâimmense aspiration de lâhumanitĂ© Ă la Luc 16, 19-3123 Il y avait un homme riche, vĂȘtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommĂ© Lazare, qui Ă©tait couvert dâulcĂšres. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lĂ©cher ses ulcĂšres. Or le pauvre mourut, et les anges lâemportĂšrent auprĂšs dâAbraham. Le riche mourut aussi, et on lâenterra. Au sĂ©jour des morts, il Ă©tait en proie Ă la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout prĂšs de lui. Alors il cria PĂšre Abraham, prends pitiĂ© de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans lâeau pour me rafraĂźchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. â Mon enfant, rĂ©pondit Abraham, rappelle-toi tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abĂźme a Ă©tĂ© Ă©tabli entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de lĂ -bas non plus, on ne traverse pas vers nous. » Le riche rĂ©pliqua Eh bien ! PĂšre, je te prie dâenvoyer Lazare dans la maison de mon pĂšre. En effet, jâai cinq frĂšres quâil leur porte son tĂ©moignage, de peur quâeux aussi ne viennent dans ce lieu de torture ! » Abraham lui dit Ils ont MoĂŻse et les ProphĂštes quâils les Ă©coutent ! â Non, pĂšre Abraham, dit-il, mais si quelquâun de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. » Abraham rĂ©pondit Sâils nâĂ©coutent pas MoĂŻse ni les ProphĂštes, quelquâun pourra bien ressusciter dâentre les morts ils ne seront pas convaincus. » 24Cette parabole repose sur un double paradoxe. Dâune part elle affirme quâun grand abĂźme sĂ©pare ceux qui sont prĂšs de Dieu et ceux qui sont Ă la torture. Dâautre part, la communication entre le sĂ©jour des morts de celui des vivants est dĂ©clarĂ©e inutile. Cela posĂ©, la parabole nous communique une conversation qui aurait justement eu lieu entre les deux cĂŽtĂ©s du sĂ©jour des morts. On voit donc bien quâil sâagit dâun artifice littĂ©raire qui nâautorise pas Ă lire ce texte Ă©vangĂ©lique de maniĂšre littĂ©rale. Il en Ă©tait de mĂȘme pour le texte prĂ©cĂ©dent. Comme prĂ©cĂ©demment aussi, lâau-delĂ est prĂ©sentĂ© comme un lieu de justice en donnant des exemples que tout oppose. 25La diffĂ©rence fondamentale entre ces deux reprĂ©sentations de lâau-delĂ est la suivante. Dans le texte de Matthieu, il nây avait aucune rĂ©fĂ©rence Ă la religion les actes posĂ©s Ă©taient les seuls critĂšres. Dans le texte de Luc, les personnages et les rĂ©fĂ©rences appartiennent clairement au monde de la religion. Tout dâabord Abraham câest lui qui accueille les dĂ©funts en son sein », en tant que pĂšre des croyants. Ensuite, quand il donne en rĂ©fĂ©rence MoĂŻse et les ProphĂštes, il utilise une expression qui dĂ©signe en fait lâensemble de la Bible Ă laquelle il fait un devoir de se rĂ©fĂ©rer. 26Lâau-delĂ nâest pas prĂ©sentĂ© comme un monde religieux. Cependant, la religion donne des Ă©lĂ©ments qui permettent dây accĂ©der dans les meilleures conditions. Elle est mĂȘme prĂ©sentĂ©e comme ce qui donne tous les Ă©lĂ©ments dâaccĂšs. Mais, ici-bas, elle est prĂ©sentĂ©e comme un moyen quâil faut prendre au sĂ©rieux, non pas dans sa forme, son cĂŽtĂ© rĂ©seau, mais dans son fond la recherche de lâamour et de la pain de vie Jn 6, 35 ⊠5927JĂ©sus disait Ă ses disciples Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient Ă moi nâaura jamais faim ; celui qui croit en moi nâaura jamais soif. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel si quelquâun mange de ce pain, il vivra Ă©ternellement. Le pain que je donnerai, câest ma chair, donnĂ©e pour la vie du monde. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie Ă©ternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. VoilĂ ce que JĂ©sus a dit, alors quâil enseignait Ă la synagogue de CapharnaĂŒm. 28Quâil y ait un lien entre le monde de Dieu et celui des hommes, toutes les religions lâattestent. Cependant, la diffĂ©rence entre ces deux mondes est telle quâune comparaison directe nâest pas possible. Le procĂ©dĂ© que JĂ©sus utilise ici est lâanalogie ; il parle de chair et de nourriture. 29Cela sâappuie sur une certaine vision de lâHomme. Dans le premier chapitre du livre de la GenĂšse, lâauteur dit que Dieu fit lâhomme Ă son image ; ce qui le diffĂ©rencie de toutes les autres crĂ©atures. Le second chapitre dira la mĂȘme chose en dâautres termes lâhomme est la seule crĂ©ature qui est animĂ©e par le souffle de Dieu lui-mĂȘme. On peut donc dire que, dâune certaine maniĂšre, lâhomme est Ă la fois terrestre et cĂ©leste, matĂ©riel et spirituel. 30Sâil existe une nourriture matĂ©rielle pour ce monde, il existe une nourriture spirituelle pour lâau-delĂ câest le Christ lui-mĂȘme, ce qui oblige donc Ă penser lâau-delĂ avec dâautres paradigmes que ceux de lâ les morts ressuscitent-ils 1 Co 15 ?31FrĂšres, 32Je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncĂ©e cet Ăvangile, vous lâavez reçu et vous y restez attachĂ©s. 33Lâun de vous peut demander Comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? » RĂ©flĂ©chis donc ! Quand tu sĂšmes une graine, elle ne peut pas donner vie sans mourir dâabord ; et tu ne sĂšmes pas le corps de la plante qui va pousser, tu sĂšmes une graine tout nue du blĂ© ou autre chose. Et Dieu lui donne un corps comme il le veut Ă chaque semence un corps particulier. 34Il en sera de mĂȘme quand les morts ressusciteront. Ce qui est semĂ© dans la terre est pĂ©rissable, ce qui ressuscite est impĂ©rissable ; ce qui est semĂ© nâa plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de gloire ; ce qui est semĂ© est faible, ce qui ressuscite est puissant ; ce qui est semĂ© est un corps humain, ce qui ressuscite est un corps spirituel ; puisquâil existe un corps humain, il existe aussi un corps spirituel. 35De mĂȘme que nous sommes Ă lâimage de celui qui est pĂ©tri de terre, de mĂȘme nous serons Ă lâimage de celui qui vient du ciel. 36Paul est le premier auteur chrĂ©tien Ă mettre en mots une rĂ©flexion sur la rĂ©surrection. Jusque lĂ , les tĂ©moignages avaient Ă©tĂ© gardĂ©s et transmis, mais une vĂ©ritable rĂ©flexion sur le sujet nâavait pas commencĂ©. Saint Paul sây voit contraint par toutes les questions qui lui parviennent. 37Le questionnement des premiers chrĂ©tiens est exactement le mĂȘme que le nĂŽtre aujourdâhui quây a-t-il de lâautre cĂŽtĂ©, comment se le reprĂ©senter ? La rĂ©ponse ne peut ĂȘtre quâune analogie, une comparaison. Mais aussi, cette rĂ©ponse est situĂ©e dans le temps. Elle dĂ©pend de la vision de lâHomme quâa la sociĂ©tĂ© qui pose cette question. En deux mille ans, la vision sur lâĂȘtre humain sâest diversifiĂ©e au fur et Ă mesure des dĂ©couvertes de cultures diffĂ©rentes ainsi que de lâĂ©volution des sciences en gĂ©nĂ©ral, et de la philosophie en particulier, puisquâelle donne souvent sinon son vocabulaire, mais souvent un cadre au thĂ©ologien. 38Dans ce texte, on voit bien Paul qui tĂątonne pour trouver les mots qui rĂ©pondront le mieux Ă la question du comment. Le traducteur tĂątonne Ă©galement et la traduction est malaisĂ©e, car les termes utilisĂ©s Ă lâĂ©poque pour dĂ©finir lâĂȘtre humain ne correspondent pas tout Ă fait Ă ceux qui sont Ă notre disposition aujourdâhui. Cependant, on peut dire que lâau-delĂ est prĂ©sentĂ© comme un lieu de croissance de lâĂȘtre vers son plein dogmatiques39Tous les dimanches, les catholiques proclament le rĂ©sumĂ© de leur foi dans le credo. On y trouve plusieurs affirmations qui concernent lâau-delĂ la rĂ©surrection de la chair et le jugement dernier. Les textes des deux credo liturgiques datent des deuxiĂšme et quatriĂšme siĂšcles. La rĂ©flexion continuant, la notion de purgatoire arrivera plus tardivement, mais il faut lâinclure aujourdâhui comme un donnĂ© de la foi crois en la rĂ©surrection de la chair40Cette affirmation nâest pas Ă entendre comme une rĂ©animation des cellules qui composent notre organisme. Le texte de lâĂ©vangile de Jean ci-dessus donne une clĂ© de lecture. Il sâagit ici de dire que ce qui constitue fondamentalement lâĂȘtre humain est appelĂ© Ă une vie nouvelle. 41En des termes contemporains, on peut dire ceci. La rĂ©surrection est un phĂ©nomĂšne individuel ce nâest pas une fusion dans un grand tout nirvana ni le passage de lâĂąme dâun corps matĂ©riel Ă un autre rĂ©incarnation. Lâhistoire vĂ©cue tout au long de la vie terrestre de chaque individu fait partie intĂ©grante de ce qui le constitue de sa chair. 42Dâautre part, comme lâĂȘtre humain est un ĂȘtre de relation, ce qui constitue sa chair sociale est fondamentalement basĂ© sur ses relations. Ainsi la rĂ©surrection de la chair concerne toute la vie relationnelle de lâĂȘtre humain. 43La vision de lâau-delĂ que laisse entrevoir cette expression du credo indique donc Ă la fois une prolongation et une transformation de ce que nous sommes aujourdâ jugement44 Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Les images de ce jugement sont nombreuses, tout particuliĂšrement aux tympans de nombreuses Ă©glises. Câest lâoccasion pour les peintres et les sculpteurs de sâen donner Ă cĆur joie pour dĂ©noncer les injustices dâici-bas. 45Le jugement est un seuil. Comme il fait partie de lâau-delĂ , il donne une vision de lâau-delĂ qui nâest pas statique ou indiffĂ©rente. Le texte de Matthieu ci-dessus lâexprimait dĂ©jĂ . Le jugement comporte Ă la fois des dimensions individuelles et collectives. Il va vers une sociĂ©tĂ© juste et purgatoire46Le mot nâapparaĂźt quâau XIIe siĂšcle, mais il est le rĂ©sultat dâune longue rĂ©flexion qui compile plusieurs sujets. Les vivants peuvent-ils aider les morts par la priĂšre ou dâautres moyens ? Si tout nâest pas au carrĂ© au moment de la mort, a-t-on une possibilitĂ© dâarranger les choses ? 47Le mot de purgatoire nâest pas trĂšs beau il Ă©voque une purge. Il vient de lâidĂ©e de purification pour accĂ©der Ă la perfection. Dieu doit nous rendre capable de le voir il doit nous ajuster, rendre notre ĂȘtre capable de le rencontrer. Cette rencontre se fait de plus dans ce monde que notre imagination peine Ă se reprĂ©senter, si lâon ne veut pas cĂ©der Ă la simplification ou Ă la caricature, comme câest trop souvent le cas. 48Il faut joindre une autre approche Ă celle de la purification. Dans la mesure oĂč lâau-delĂ peut-ĂȘtre compris comme lâunion de la crĂ©ature avec son crĂ©ateur, lâidĂ©e de purgatoire peut ĂȘtre approchĂ©e de celle de fiançailles, temps heureux du dĂ©sir et de lâajustement qui prĂ©cĂšde lâunion. 49On peut aussi Ă©voquer le temps de lâExode. Entre lâenfer la mort en lâEgypte et le paradis de la terre promise, il faut un temps de purification et la loi de Dieu donnĂ© Ă MoĂŻse pour aller vers ce ParadisâŠPour conclure une reprĂ©sentation quasi impossibleDans lâespace-temps50Pour le croyant, lâau-delĂ est cet espace » oĂč la crĂ©ature rejoint son crĂ©ateur dans un face Ă face. Mais notre capacitĂ© de reprĂ©sentation est alors mise Ă mal. En effet, pour crĂ©er notre univers, le crĂ©ateur a eu besoin de crĂ©er lâespace et le temps pour lây mettre. Le lieu auquel nous appartenons ne peut ĂȘtre sinon pensĂ© du moins imaginĂ© que dans lâespace-temps. Ainsi, comment pouvons-nous concevoir dans notre esprit un lieu » duquel auraient Ă©tĂ© créés lâespace et le temps ? La tĂąche est pied, Ă cheval et en fusĂ©e vers Narnia51Vouloir dĂ©finir lâindicible, câest impossible. Mais tant dâauteurs souhaitent en faire goĂ»ter quelque chose Ă leurs lecteurs. 52Dans le livre de science-fiction A pied, Ă cheval et en fusĂ©e, les hĂ©ros de Clifford Simak se trouvent dans un univers apparemment mortifĂšre oĂč aucune Ă©chappatoire nâest possible, apparemment, alors quâelle est vitale. Vers la fin du roman, les hĂ©ros trouveront leur salut en changeant de niveau », en accĂ©dant spirituellement Ă un autre univers. 53Câest un procĂ©dĂ© analogue que C. S. Lewis utilise pour lâun de se personnages du monde de Narnia. Pour faire comprendre que le lion Aslan a franchi la mort, ceux qui ont la foi se voient dotĂ©s de la capacitĂ© de voir sa prĂ©sence et le chemin qui conduit Ă son royaume, pourtant cachĂ© Ă tous. 54Que ce soit dans le domaine de la foi, que ce soit dans la littĂ©rature ou dâautres formes dâart, la description dâun au-delĂ est toujours une gageure. Ces quelques pages auront juste essayĂ© de faire percevoir que la vision de lâau-delĂ pour les chrĂ©tiens se base sur une promesse, celle du Christ, et sur une logique qui dĂ©coule de tĂ©moignages divers. Peut-ĂȘtre aurez-vous ressenti toute la prudence que mettent les croyants Ă exprimer quelque chose de cet au-delĂ , alors quâils en expĂ©rimentent certains aspects dans leur vie spirituelle au bout de tout ce mouvement, un amour les attend et ils le dĂ©couvrent de commencements en commencements qui nâont pas de fin.
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| ÎŁŐ§áĐžÖĐŸ лаÎșŐ§ŃŃ á αÏĐŸÎșŐ§ŃŃáŽá | áĐ·ĐŸŃĐŸĐŽĐž Ń ĐŒÎ”ĐŽŃΞΎο |
Bonjour Mon amie, âNous avons Ă©tĂ© crucifiĂ©s avec le Christ pour que le mal nâait plus de prise sur nous et que nous nâayons plus besoin dâobĂ©ir comme des esclaves Ă ses sollicitations. Car celui qui est mort est libre du pĂ©chĂ©â Romains 62/7. Parole Vivante Alors quâun ĂȘtre cher est atteint par une terrible maladie, que son agonie sâĂ©ternise, quâil aspire Ă mourir pour que cesse ce long chemin dâune interminable souffrance, lorsque la mort vient, il nous est arrivĂ© dâentendre ces paroles Pour lui, câest une dĂ©livrance !». Si je souligne ce fait câest pour rappeler que ce qui est vrai dans le domaine physique lâest Ă©galement dans le domaine spirituel. Câest ce que souligne lâapĂŽtre Paul dans lâĂ©pĂźtre aux Romains, comme nous lâavons relevĂ© en introduction. Sa conclusion est nette Car celui qui est mort est libre du pĂ©chĂ©. » Ce Ă quoi fait allusion lâapĂŽtre est capital, il indique que la libĂ©ration du pouvoir du pĂ©chĂ© nâest possible que dans la mort Ă nous-mĂȘmes. Dâune maniĂšre abrupte nous pourrions dire Pas de mort Ă soi-mĂȘme, pas de dĂ©livrance. » Si nous recherchons la dĂ©livrance par des efforts personnels, par les Ćuvres, par les mĂ©rites, nous perdons du temps et de lâĂ©nergie. Le seul chemin de la dĂ©livrance câest une acceptation totale de la mort de notre nature charnelle, en nous identifiant Ă Christ dans sa mort. VoilĂ pourquoi lâapĂŽtre pouvait dire Jâai Ă©tĂ© crucifiĂ© avec Christ ; ce nâest plus moi qui vis, câest Christ qui vit en moi » Galates 220. Etant crucifiĂ© avec Christ, il vivait libre Ă lâĂ©gard du pĂ©chĂ© mais aussi Ă lâĂ©gard de la loi mosaĂŻque. Seule notre identification Ă Christ dans sa mort nous procure une entiĂšre et totale dĂ©livrance. Si les liens du pĂ©chĂ© sont encore agissants dans votre vie, si le carcan religieux vous Ă©crase, sachez que la dĂ©livrance nâest pas dans un combat ultime de vos efforts personnels, elle est seulement dans lâacceptation du principe de la croix dans votre propre vie. LĂ rĂ©side la totale libertĂ©. Ma priĂšre pour aujourdâhui Seigneur, je veux mourir Ă moi-mĂȘme, pour vivre dans la libertĂ© que tu mâoffres. Amen. Vous avez aimĂ© ? Partagez autour de vous !
misB.